Lire la [Partie 1]
Le choc de la crise sévère qui va frapper le secteur bancaire nigérian au début des années 90, entraînant le début du déclin de la Banque dans laquelle Tony était salarié, ne sera pas une surprise pour lui. En effet, les années que le jeune Tony va passer à la tête de la meilleure succursale de la Allstates Trust Bank vont lui révéler les nombreuses limites et faiblesses du système bancaire nigérian.
Un grand nombre de banques au Nigéria étaient sous-capitalisées, ceci s’expliquait par le nombre élevé de prêts non productifs accordés par certaines banques, l'incapacité à récupérer des actifs non performants, et la hausse des taux d'inflation. En plus de cela, à cause de la grande fraude qui minait le secteur, la plupart des rapports que les banques rendaient à la Banque centrale du Nigéria ne dévoilaient pas leur réel état, ce qui a privé la Banque centrale de véritables informations permettant de surveiller efficacement le secteur bancaire.
Le premier pas en entrepreneuriat
Les dérives du système bancaire nigérian sont les raisons qui ont poussé Tony à faire le saut d’entrepreneur. Il pensait que l'industrie avait besoin d'une infusion de nouvelles approches. Cette crise représentait une opportunité.
Il décide donc de quitter son travail confortable et de créer sa propre banque, avec une stratégie simple : réaliser des profits en rachetant des banques en faillite, leur insufflant une gouvernance transparente, dynamique et au service des besoins des populations nigérianes, et puis en les vendant avec une meilleure valeur.
Pour réunir le capital de départ, Tony Elumelu s'est donc tourné vers des amis et membres de sa famille, dont il savait qu'ils comprendraient sa vision. C’est ainsi que sa première entreprise, Banc Garanti Limited, a vu le jour. Il était conscient que le rachat de banques en faillites comportait énormément de risques, et que la certitude de leurs retours à la performance n’était pas garantie. Toutefois, il faisait confiance à son expérience et à sa sagesse pour faire face aux défis. Du marketing inhabituel et dynamique à l’ouverture stratégique de succursales dans la capitale de chaque État du Nigéria, ses démarches étaient juste remarquables et surtout peu communes. Il comprenait parfaitement ses clients, ce qui lui permettait d’innover et d’utiliser des tactiques ignorées par ses concurrents. Et même s'il a enregistré des défaites au début, il ne perdait jamais de vue qu’il faut du temps pour de véritables succès.
Un des exemples de sa grande résilience face à l’épreuve s’est démontré quand il a dû faire face, à la fin des années 90, à l'un des plus grands défis qui s’est présenté à lui au début de son entreprise alors qu’il cherchait à acquérir la Cristal Bank en faillite.
L’acquisition de Cristal Bank a été l’un des plus grands défis de la jeune carrière d’entrepreneur de Tony.
En effet, lui et son équipe, après avoir mené un audit sur les raisons de la faillite de cette banque, ont pensé qu'il pourrait s'agir d'une acquisition susceptible de générer d'excellents rendements. Il a donc soumis une candidature auprès de la Banque centrale du Nigéria, répondant à toutes les exigence nécessaires, à l’exception d’une seule, la somme colossale imposée comme garantie. C’était l’équivalent d’un million de dollars américain. Tony n'avait pas cette somme d'argent. Il a donc contacté des personnes qui pouvaient aider. Mais comme la date limite de soumission des offres était proche, rien ne se passait.
Les semaines s'étant écoulées, jusqu'au jour j, Tony n'avait toujours pas été en mesure de réunir la somme requise. Cette acquisition était donc menacée d’un échec qui aurait compromis les grandes ambitions de Tony, mais celui-ci était prêt à se battre jusqu’à la dernière minute. Enfin, avec de précieuses aides, il est parvenu à payer la somme, quasiment à la dernière minute, ce qui lui a permis d’obtenir l'approbation du ministère des Finances pour poursuivre l'acquisition.
C’est là l’attitude et l’état d’esprit qu’il a appliqué au début de sa carrière d’entrepreneur, plaçant la plupart des banques qu’il a acquises en faillite, au rang des 10 premières banques du Nigeria, influençant ainsi positivement l’ensemble du secteur bancaire nigérian. Il se dit que pour atteindre les objectifs qu’il se fixait, il travaillait de longues heures sans relâche et ne s’accordait presque pas de temps libre.
Tony, le Visionnaire
Son expérience dans le secteur privé nigérian, notamment en tant que facilitateur d’accès aux crédits pour développer des activités génératrices de revenus et d’emplois partout où sa Banque est installée, lui ont confirmé le potentiel et les compétences qu’il y a sur le Continent africain pour atteindre le développement économique à long terme par les africains et pour les africains. Ce que lui même a théorisé et qui est connu aujourd’hui sous l’appellation Africapitalisme.
Fort de cette conviction et confiance dans le potentiel du Continent africain, Tony a quitté le secteur bancaire pour poursuivre en 2010 son prochain objectif. Il a quitté ses fonctions de PDG de United Bank of Africa et s'est concentré sur des investissements susceptibles de générer plus de richesse et d'avoir un impact sur l'économie africaine..
Il a fondé Heirs Holdings, une société d’investissement panafricaine ayant des intérêts dans l’énergie, l’agroalimentaire, la finance, l’hôtellerie, la santé et l’immobilier. Ces secteurs n’ont pas été choisi au hasard. Tony est convaincu que les investissements à long terme dans ces secteurs de l'économie ont le potentiel de répartir la richesse au sein de pays africains et d'assurer ainsi une économie prospère et stable. La société Heirs Holdings emploie actuellement plus de 30 000 personnes en Afrique et au-delà.
La même année, il a fondé la Fondation Tony Elumelu, une organisation non gouvernementale africaine dont la mission est d’améliorer l’économie de l’Afrique en responsabilisant son secteur privé. Chaque année, la fondation forme puis attribue 10 000 dollars à 1 000 entrepreneurs africains. Ce programme a été mis en place dans le but de faire passer le continent d'une position lui permettant de mettre un terme à sa dépendance vis-à-vis du secteur public ou des aides étrangères et de devenir autosuffisant.
Tony, l’homme de famille
Très difficile d’appréhender comment une personne de cette carrure, arborant autant de casquettes, en 24h, réussit à avoir une vie équilibrée entre responsabilités familiales et professionnelles. Eh bien, chez les Elumelu, l’astuce qui a été trouvée est celle d’impliquer tous les membres de la famille dans la vision et les ambitions de Papa. C’est ainsi que, qu’à en croire ses publications fréquentes sur son compte instagram, quand ses filles ainées ne sont pas dans leur internat de Londres, elles passent leur stage académique au siège de la Heirs Holdings où elles côtoient leur père au quotidien. Quant à son épouse Dr. Vivien Elumelu, elle travaille côte-à-côte avec son mari à la Heirs Holdings où elle est en charge de la supervision des investissements de la holding qui sont faits dans le secteur de la santé. Elle est également la CEO d’Avon Medical Services Limited et, enfin tous les deux ils supervisent la Tony Elumelu Foundation dont ils sont les cofondateurs. Pour couronner tout, ils ont ensemble 7 enfants, y compris deux paires de jumeaux, dont ils doivent assurer l’éducation et le suivi au quotidien.
Le parcours de Tony, notamment à ses débuts, est celui par lequel nombreux sont ceux qui pourront s’y identifier. Sa renommée s’est certes largement étendue à travers le monde aujourd’hui, mais le plus important est de garder en tête que son histoire d’aujourd’hui est ancrée dans de longues années d’anonymat, pendant lesquelles il s’est forgé par une succession d’épreuves et de défis, qui font sa célébrité aujourd’hui, parce qu’il a choisi de les transformer en opportunités.
FIN
VOUS AVEZ APPRÉCIÉ NOTRE GUIDE ?
Il ne suffit pas d’apprécier, mais d’appliquer… Car chez dadupa, on veut transformer le monde en entrepreneur(e)s. N’hésitez pas à partager ce guide à votre entourage, à nous suivre pour d’autres contenus sur l’entrepreneuriat innovant ! Restez connectés à dadupa...
dadupa, transformons le monde en entrepreneur(e)s